Passé le choc de la gestion d’une crise que personne n’avait anticipée, l’urgence a été de se protéger sur le plan sanitaire. Les injonctions paradoxales causées par les priorités changeantes du ministère ont conduit certains chefs, certes peu nombreux, à agir sans discernement, parfois au mépris de la volonté des collègues et au risque de leur santé. En effet de nombreux collègues ont dû rester présents dans l’établissement sans être en mesure de faire respecter les gestes barrières. Ces pressions restent toujours sous-jacentes.
Et maintenant ? Comment concevoir notre travail à distance ? Comment les CPE peuvent-ils exercer leur métier, à domicile, sans outils adaptés, sans l’expertise professionnelle du travail à distance ? Les fondamentaux de notre travail restent les mêmes, notre identité est d’être au côté des enseignants et de l’ensemble de la communauté éducative pour aider tous les élèves et notamment les plus faibles. Sans doute convient-il de prendre la mesure de ces conditions de suivi scolaire et de trouver des manières d’atténuer les freins qui lui sont liés ? Les freins techniques et sociaux liés à l’usage des outils numériques sont nombreux, il est essentiel de déculpabiliser tous les acteurs.
Quelques pistes : épauler les équipes pédagogiques pour contribuer à maintenir le lien éducatif, rassurer les familles, apporter un soutien auprès des élèves les plus fragiles, les plus démunis, les plus exposés au décrochage… être un repère pour certains élèves dans l’isolement. Lisser à notre niveau les inégalités numériques sociales.
Idéalement, nous pourrions envisager des entretiens à distance avec ces élèves en décrochages ? Mais avec quel matériel ? Comment structurer le travail de liaison avec les collègues enseignants ? Comment travaille-t-on en équipe ? Comment coordonner pour une classe la question du travail numérique. En définitive, comment trouver une place dans auprès des équipes pédagogiques ? Plus que jamais, nous devons réfléchir à notre posture relation avec les équipes, les familles, imposer notre métier de conception.
Oui, mais avec quels outils, quelles limites à son action ?
Chacun aura sans doute son idée, mais il faudra éviter certaines dérives, celle de l’exposition aux risques sanitaires (non-respect des gestes de protection) pour ceux présents dans l’établissement, celle du respect de l’identité professionnelle, rester vigilant face à de toute forme de pression. Imposer la nécessite de ne pas improviser au jour le jour au risque de se contredire d’un jour à l’autre. Résister aux injonctions guidée par l’obsession du contrôle.
Nous devons penser une période particulière dans notre carrière professionnelle et bientôt un après dans lequel ce qui était essentiel à nos yeux, il y a encore quelques jours, pourrait être bien différent. Essayons d’y apporter notre part à l’effort collectif avec nos valeurs.