Face à l’incontestable et incontestée baisse démographique (- 6000 élèves en 20 ans), une réflexion sur le réseau des collèges ardennais est devenue aujourd’hui indispensable mais nous dénonçons la manière dont le projet a été élaboré et proposé, sans consultation préalable.
– Nous dénonçons la pression de l’Éducation Nationale sur le Conseil Général des Ardennes et le mode de gestion de celle-ci qui utilise mécaniquement la règle à calcul, contrainte par des impératifs budgétaires rigoureux, et qui ne tient pas du tout compte des spécificités socio-économiques, culturelles, géographiques, démographiques... du Département.
– Nous dénonçons les arguments « pédagogiques » fallacieux utilisés et largement médiatisés, « le déficit de dynamisme pédagogique, un manque d’efficience dans le fonctionnement des petites structures », les affirmations gratuites de « faiblesses des petites unités » alors que nos demandes réitérées de bilan des collèges multi-sites et des « petits » collèges n’ont jamais été suivies d’effet !
– Nous dénonçons aussi l’argument selon lequel les évolutions induites par la « Loi d’Orientation et de Programme pour l’Avenir de l’École » du 23 Avril 2005 nécessiteraient de fait une réorganisation des collèges ardennais, dans l’optique d’une « rationalisation » du réseau scolaire...( argument d’ailleurs tout récemment invalidé par M. le Ministre de l’Éducation Nationale : « la Loi du 23 avril 2005 ne comprend aucune disposition de nature à fixer le nombre optimal d’élèves par établissement scolaire ») Et grâce à cette « rationalisation », il deviendrait plus aisé d’assumer « la nouvelle obligation faite aux établissements d’organiser avec leurs ressources propres les remplacements de professeurs absents pour une courte durée » !!
– Nous dénonçons la juxtaposition de deux discours antithétiques, celui du Président du Conseil Général qui promet « des dispositifs pédagogiques permettant une diversification des parcours et offrant aux élèves des possibilités de choix élargi par la création de sous-groupes et de multiples options », qui affirme haut et fort qu’il a « pour seul but l’amélioration des conditions d’enseignement et l’intérêt de l’élève comme seul point de mire » (alors que, dans le même temps, il cautionne la politique gouvernementale en terme de choix budgétaires opérant des coupes sombres dans l’Éducation Nationale) et celui du Ministère de l’Éducation Nationale qui continue, sans état d’âme, à supprimer des postes au prétexte, justement, d’équité territoriale !!
– Nous dénonçons la stratégie attentiste de Monsieur l’Inspecteur d’Académie qui, jusqu’alors, a esquivé le débat avec les organisations syndicales, éludé certaines questions « gênantes » (quel avenir pour les SEGPA dans notre Département ?), qui n’a fourni aucun document chiffré (évaluations à l’entrée en 6è, taux de redoublement, de passage en Seconde Générale, en Seconde Professionnelle..., suivis de cohortes...) et qui se refuse même à mener l’étude d’impact de ce projet sur tous les personnels des établissements concernés !
– Nous dénonçons dans le projet proposé par le Conseil Général des choix incohérents (par exemple, pourquoi fermer le site de Grandpré jugé « en bon état » et conserver celui de Buzancy dont « la cuisine est à restructurer et l’aménagement intérieur à revoir » ? Pourquoi, encore, « déshabiller », par le jeu d’une modification de sectorisation, le collège Sorbon de Rethel qui perdrait plus de 120 élèves et qui, du jour au lendemain, deviendrait un « petit » collège de 300 élèves environ ?), aberrants (comment expliquer la fermeture de Rimogne et la reconstruction d’un collège à Renwez, c’est-à-dire à moins de 10 kilomètres ?) et même souvent partisans (comment justifier alors qu’aucune restructuration ne soit envisagée sur Sedan ... ? Dans un autre canton, pourquoi la presse locale se fait-elle l’écho d’inquiétudes concernant le collège de Rocroi alors qu’aucun projet, aucun document officiel n’a jamais évoqué l’hypothèse de sa fermeture... ?).
– Nous dénonçons dans le projet du Conseil Général le manque d’ambition politique et de vision à long terme ; en effet, une telle restructuration des collèges ardennais est lourde de conséquences, elle doit s’inscrire dans un projet politique ambitieux qui se pose les questions (et trouve les réponses !) de la redynamisation économique, du développement socio-culturel, de l’attractivité de la ruralité... La formation de la jeunesse doit véritablement être la priorité de l’État, en actes et pas seulement en paroles ou en écrits !
– Concernant plus particulièrement les collèges multi-sites, nous déplorons que le rapport de l’Inspection Générale qui insistait sur la qualité de vie scolaire de ces petites structures rurales, qui proposait des pistes d’amélioration de leur fonctionnement, les présentant comme des « outils d’aménagement du territoire, investis de nouvelles missions utiles à l’équilibre des zones rurales » n’ait pas été davantage pris en considération... Nous rappelons à cet effet que le Premier Ministre lui-même, le Mardi 22 Novembre 2005, lors de l’ouverture du 88è congrès des maires et des présidents de communautés de France, s’est intéressé à cette question du « devenir de l’enseignement dans le monde rural, du maintien du service public d’éducation dans les territoires » : une réflexion, longue et approfondie, est donc nécessaire, avec tous les acteurs et partenaires concernés, dans le cadre d’une réelle démocratie participative !
– En ce début d’année, nous formons le vœu pieux que Monsieur le Président du Conseil Général et Monsieur l’Inspecteur d’Académie acceptent d’écouter un peu plus les organisations syndicales qui ont l’expérience du terrain, la connaissance et la pratique des dossiers éducatifs et une conception, peut-être digne d’intérêt.., de la formation de la jeunesse, de l’École et de ses missions...