Courrier envoyé par le SNES national.
Paris le 14 juin 2010.
Monsieur le Ministre,
A la rentrée 2010 se met en place la réforme de la classe de Seconde que vous avez imposée à marche forcée. Cette réforme comporte de graves menaces pour le système éducatif, et plus particulièrement pour le 2d degré.
Ses conséquences apparaîtront plus ou moins rapidement. Dès septembre 2010, il en est une que nul ne pourra ignorer : les programmes de nombreuses disciplines ayant été revus dans l’urgence sans respecter les délais habituels, les élèves et les professeurs n’auront, dans ces disciplines, pas de manuels scolaires à la rentrée.
Ainsi, de nombreux professeurs devront commencer l’année, non seulement en ayant dû s’approprier dans l’urgence de nouveaux programmes n’ayant fait l’objet que d’un semblant de concertation et souvent contestés, mais en plus sans disposer, pour travailler avec leurs élèves, de supports de cours efficaces. Une fois de plus il est fait peu de cas de ce qu’est réellement le métier d’enseignant.
Vous nous répondrez qu’un professeur peut faire cours sans manuel. Certes, mais il a pour cela besoin de matériel : photocopies en nombre (surtout dans le contexte de la hausse des effectifs par classe), et souvent en couleur pour travailler correctement, beaucoup de disciplines demandant aux élèves de travailler activement à partir de documents, qui sont difficilement lisibles lorsqu’ils sont en noir-et-blanc. A défaut de photocopies couleur, des ordinateurs et vidéo-projecteurs sont nécessaires.
Quelles solutions l’État a-t-il prévues à cet ensemble de problèmes ? Équiper toutes les salles de classes de matériel informatique pendant l’été ? Équiper chaque lycée d’un photocopieur couleur ? Et qui prendra en charge le surcoût de photocopies ? L’État compte-t-il sur les régions ?
Une fois de plus, la précipitation avec laquelle vous « réformez » le système scolaire conduit à l’improvisation, ce qui devient, hélas, l’habitude. L’absence de manuels à la rentrée 2010 met en lumière les dégâts de cette logique : une école dont la qualité se dégrade, des professeurs méprisés dans leur travail, des élèves sacrifiés sur l’autel du dogme des économies budgétaires.
Monsieur le Ministre, l’État doit prendre ses responsabilités pour que, dans les lycées, les enseignants et les élèves puissent travailler de manière sérieuse et efficace à la rentrée 2010. Les personnels attendent des réponses à leurs questions.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations respectueuses.