Article issu du site national du SNES
Les organisations syndicales ont été reçues au ministère pour discuter des réaménagements de ces programmes et des sujets aux examens. Des projets d’allègements ont été discutés et sont en cours de finalisation.
Des allègements substantiels vont être présentés au CSE du 16 septembre pour entrer en vigueur dès cette année. S’ils restent en partie insuffisants et ne résolvent pas tous les problèmes, ils devraient permettre cependant de desserrer l’étau dans les classes concernées.
Le changement de ton était sensible lors de cette audience, l’Inspection Générale a évoqué « le divorce ressenti entre ceux d’en haut et ceux d’en bas ». Résultat de la mobilisation menée depuis des mois, du succès de la pétition de l’intersyndicale, de l’APHG et de l’Aggiornamento, que le SNES a initiée, de la colère des enseignants qui s’est plus particulièrement exprimée après les épreuves des examens. Il s’agit donc d’une victoire pour nous : cette mesure exceptionnelle (un réaménagement sur un programme mis en œuvre seulement une année) doit aussi s’accompagner d’une lettre de cadrage à destination de l’ensemble des IPR et donc aussi des enseignants précisant de manière beaucoup plus claire les attendus aux examens, les sujets possibles, les attentes en matière de correction. Les organisations syndicales ont été invitées à faire des propositions précises quant à cette lettre.
Pour les terminales ES et L
En histoire, les allègements concerneraient : la question « le patrimoine, lecture historique » dans le thème 1 la question « religion et société » dans le thème 2 une partie de la question « la Chine et le monde », dont l’étude serait réduite à la période 1949 à nos jours.
En géographie, seraient supprimées : la question « des cartes pour comprendre la Russie » dans le thème 1 la question « la mondialisation un débat » dans le thème 2 (en réintégrant les débats dans la mise en œuvre de la première question de ce thème.) Dans le thème 3, 2 études de cas : le bassin Caraïbes, l’Afrique du Sud
Quant aux croquis à connaître et pouvant faire l’objet d’un sujet au baccalauréat, la liste serait largement réduite, passant de 12 à 7. Les deux schémas ne seront plus exigibles. On espère ainsi pouvoir travailler plus intelligemment ces exercices avec les élèves.
Ces allègements sont bien présentés comme une mesure d’urgence, ils s’imposent en effet et auraient du, pour le SNES, être annoncés plus tôt (!) et être plus importants (nous avions demandé qu’ils portent sur ¼ du volume horaire actuel, or ils concerneraient environ une vingtaine d’heures). Ils n’obèrent pas une refonte des programmes et une redéfinition des épreuves du baccalauréat (nous avons insisté notamment sur l’urgence de rétablir du choix dans la deuxième partie de l’épreuve). D’après nos échanges avec la Dgesco et l’Inspection Générale, ce chantier sera dévolu au nouveau Conseil Supérieur des Programmes (CSP) qui doit se mettre en place à la rentrée. Il s’agit donc de rester mobilisés, et pour le SNES d’être force de proposition en relayant les attentes fortes de la profession en terme de programmes et de contenus d’examens. Le SNES attend de ce CSP qu’il travaille avec les organisations syndicales dès la mise en chantier des programmes.
Pour les classes de troisième
Le programme de 3e en histoire et géographie (aucune information ne nous a été donnée sur l’Education civique) fait également l’objet d’allègements. Certaines parties seraient totalement ré-agencées, d’autres ponctuellement allégées. La nouvelle rythmique du programme serait calée sur 3 grandes parties pour chaque discipline. La démarche inductive serait moins fréquente (6 études au lieu de 10), mais on reste dans le cadre préexistant pour que les collègues n’aient pas à refaire leur progression annuelle.
Etant donné les prescriptions horaires affichées en pourcentage, il est plus difficile de mesurer de façon précise l’appel d’air que vont représenter ces modifications. Toutefois, chacune des parties du programme ainsi réécrit devrait occuper 12 à 15 heures de temps de cours. A titre d’exemple la partie 1 sur « Guerres mondiales et régimes totalitaires » bénéficierait d’une prescription augmentée de 3 heures.
La description des allégements est plus technique ici car il s’agit à la fois de réaménagements, réécritures, suppressions de préconisations ponctuelles ou de parties entières. Le programme n’étant pas rédigé en questions indépendantes, les modifications sont moins aisées à présenter et à traduire en gain horaire. Certains thèmes disparaitraient pour réapparaitre ailleurs. Atttention, la présentation ci-dessous n’est qu’un avant projet tout à fait conditionnel et pouvant être modifié d’ici sa présentation dans les instances consultatives officielles à venir.
En géographie :
Partie 1 : Habiter la France. Le thème 1 s’intitulerait : « Un territoire sous influence urbaine ». Par conséquent, la partie sur les espaces ruraux est supprimée et dans la case démarches l’étude du PNR disparaît également. Dans le thème 2 sont supprimées l’étude des politiques régionales, valorisation des ressources etc. ainsi que la mise en perspective dans le contexte français et européen. Dans les capacités, on ôte celle d’expliquer un enjeu d’aménagement du territoire régional.
Partie 2 : Aménagement et développement du territoire français. Pas d’aménagements proposés.
Partie 3 s’intitulerait désormais « La France et l’Union Européenne ». Dans le thème 1 le dernier paragraphe de la partie démarches est supprimé. En termes de connaissances on traite la puissance en construction ainsi que les contrastes territoriaux à l’intérieur de l’UE. Le thème 2 est totalement supprimé Le thème 3 devient « La France et l’UE : influence mondiale, puissance incomplète » Le thème 4 est totalement supprimé
En Histoire :
L’ancienne première partie subsiste sous la forme d’une courte introduction intitulée « Un siècle de transformations scientifiques et technologiques ».
Partie 1 demeure « Guerres mondiales et régimes totalitaires » mais la préconisation est d’y consacrer désormais 35% du temps. Le thème 2 sur les régimes totalitaires est réécrit afin de se recentrer sur le régime stalinien et le régime nazi dont on doit étudier les pratiques en relation avec l’idéologie. Le thème 3 n’insiste plus sur les temps forts de la guerre mais bien sur une chronologie du conflit.
Partie 2 devient « une géopolitique mondiale depuis 45 ». Dans le thème 1 désormais intitulé « la Guerre Froide et les débuts de la construction européenne », L’Allemagne et Berlin sont l’unique crise à étudier. Un point est ajouté sur les débuts de l’Europe. Le thème 2 est limité à l’étude du processus de décolonisation à travers l’exemple de l’Inde de l’Algérie ou d’un pays d’Afrique Subsaharienne. Les questions de positionnement international et du développement après l’indépendance sont supprimées. Le thème 3 est entièrement supprimé.
Partie 3 Vie politique et société en France. Thème 1 : la République de l’entre deux guerres, victorieuse et fragilisée se concentre sur les années 30 autour de la crise et du F.P. Thème 2 inchangé. Thème 3 est réécrit pour s’articuler en 3 temps qui sont la présidence de de Gaulle, « les contestations de l’exercice du pouvoir par la rue (mai 68) et les urnes ( ?) en 1981 » - et les débats qui traversent la société française. C’est dans cette partie que réapparait l’étude de l’immigration.
On le voit il est difficile d’évaluer précisément le temps dégagé c’est pourquoi, en plus des remarques de fond sur les choix opérés, nous avons insisté sur la nécessité de procéder à des évaluations régulières des changements qui seront retenus. Certaines difficultés ne sont pas réglées et nous les avons signalées. Nous avons insisté sur la nécessité que soit clairement écrit que l’enseignant est libre de réinsérer l’étude de la France dans les autres parties s’il le juge pertinent. Assurance est donnée pour l’instant uniquement sur le régime de Vichy et la Résistance qui peuvent être inclus dans le thème sur la guerre. Les différents syndicats présents ont poussé tout autant que nous dans ce sens. Pour l’étude de la Ve république nous tentons d’infléchir la prédominance du politique sur l’histoire sociale, d’autant que la partie s’y prête bien.
Enfin, au sujet du brevet, nous avons demandé un bilan quantitatif mais surtout qualitatif ainsi que la mise en place d’un groupe de travail sur l’examen dès cette rentrée, afin que nous puissions discuter du fond et de la forme. Cette dernière semble moins susceptible de bouger mais, dans la structure existante, il est possible de négocier des modifications substantielles en resserrant et en approfondissant le questionnement sur des thèmes limités du programme (en sortant de ce butinage inepte de l’épreuve actuelle), en redéfinissant les attendus de la question longue et de l’étude de documents par exemple, et en clarifiant le périmètre et les règles du questionnement. Il nous a été certifié que toutes ces précisions seraient l’objet d’une lettre de cadrage qui sera transmise aux IPR puis aux collègues par le procédé hiérarchique descendant habituel.
Les réaménagements proposés ne peuvent être considérés comme un programme idéal, et nous avons bien souligné que nous les considérions comme un moindre mal dans un souci pragmatique. Ils montrent cependant que la mobilisation a payé. Il faut la continuer afin d’obtenir une remise à plat immédiate du brevet et la mise en chantier d’une refonte des programmes qui s’appuie sur l’avis de la profession et sur de véritables débats collectifs et transparents sur les contenus à enseigner.